Note d’intention           …MORPHE -01

 

Tout a commencé par une fascination pour l’étrange. Enfant, un sourcil levé et l’autre pas, j’observais avec curiosité mes camarades humains. Mon frère était là pour me rappeler que cela ne se faisait pas de regarder avec insistance.

Et puis des heures à redresser une colonne vertébrale déviante, des dents rebelles dressées par des fils tortionnaires, des pieds creux… Une étrangeté qui devenait de plus en plus familière.

Et encore, des heures à essayer de dresser mon cerveau prompt à la rêverie, peu enclin au calcul, à la stratégie, au lendemain.

 

Étrange.

L’étrangeté inquiète, mais elle est aussi éminemment singulière, belle, extraordinaire, mystérieuse.

La plus savoureuse reste la tendre étrangeté, celle que l’on trouve juste inexpliquée, différente mais inoffensive.

D’où l’usage des monstres gentils dans toutes les traditions. Ils font peur au premier abord,  sont repoussants mais possèdent des capacités d’amour hors norme.

Ils nous rappellent que peu importe la forme pourvu que l’on ait le cœur et l’esprit :

Tel Lennie dans des « Souris et des hommes » de Steinbeck, colosse au grand cœur, à la maladresse fatal.

 

 

Bref, aalors d’où vient …MORPHE-01

 

Surement d’une larme d’enfance versée lorsque qu’une communauté exclue, bannie ce qui lui parait étrange et  toute la tendresse possible qui va avec.

 

Plus récemment MORPHE vient d’une banale question ?

Pourquoi cet acharnement sur les poils ?

Pourquoi plus la civilisation est sophistiqué plus elle cherche à éradiquer le poil ?

 

Il y à eu des temps où le poil était adoré, porté en pâmoison, considéré comme symbolique, attirant, bucolique et sauvage.

 

Le poil que l’on contient sous la peau, dont on supprime la racine, va t’il se rebeller ?

Un tsunami de poils vengeurs anarchiques ?

 

Connais tu l’hystérie du poil dont on annihile la puissance et la vertu ?

 

Et puis il y à cette femme à barbe sur mon chemin.

Clementine Delait. Le subtile mélange entre le sauvage et le sophistiqué.

C’est elle qui m’inspire la performance la Recluse où je clarifie le présent dans le marc de poil.

 

Visionnaire peut être d’une totale mixité assumée et glorieuse.

Une civilisation qui saurait allier son intelligence avec celle de la nature.

Une civilisation assumant son apparence masculine et féminine.

 

 

La nature ne joue t’elle pas d’une générosité de formes que l’on cherche à aplatir, conformée, modélisée ?

 

…MORPHE est donc une tentative de jouer avec cette multiplicité, dans la joie, le jeu infini des possibles et des expressions.